La voie du sabre japonais

Le Iaidō, Késaco ?

Le Iaidō (居合道) est un art martial développé au Japon à la fin du XVIe siècle. Discipline majeure pratiquée par les samouraïs d'autrefois pour assurer leur survie, cette technique de combat fut conçue pour sanctionner l'adversaire rapidement en dégainant le sabre (katana) et couper en un seul mouvement.


Le Iaidō est aujourd'hui un art martial dont l'essentiel de la pratique se focalise sur l'apprentissage et l'exécution de kata (séquences de gestes formalisés, exécutées avec précision) à l'aide d'un sabre avec une lame non tranchante ou d'un bokken (sabre en bois) pour les débutants.



Un peu d'histoire...

À l'époque des Bushi (guerriers japonais), la rapidité, la puissance et la précision du dégainage du sabre décidaient souvent de l'issue d'un combat.

Au fil des siècles, les périodes de guerre laissant place à la paix, le Iaidō évolua en un art de vivre permettant de travailler son cœur et son esprit afin de contribuer au progrès de l'être humain. Le but de cette pratique se mue alors en but spirituel et le maniement du sabre devint graduellement un exercice d'habileté et de contrôle de soi.

Le Iaidō est aujourd'hui un art martial se focalisant sur l'art de dégainer le sabre, et sur la capacité de couper un ou plusieurs adversaires dans diverses situations. Il s'agit avant tout d'un Budo (voie du guerrier) qui est influencé par le bouddhisme zen et la caste des samouraïs. Il prône l'harmonie des mouvements et le cheminement spirituel.

Pensée du corps et corps pensant !

Le mot Iaidō est composé de 3 kanji :

I : être, vivre, exister - AI : unité, harmonie - DO : la voie. Il peut donc être traduit par la voie de l'unité de l'être.

Dans le contexte d'un duel au sabre, le Iaidō implique donc l'unification du corps, de l'esprit et de la technique afin d'obtenir la victoire sur l'adversaire. D'un premier abord, cette victoire implique inévitablement la mort de celui-ci. Cependant, la finalité du Iaidō est d'être victorieux sans avoir à dégainer le sabre. En prenant simplement l'ascendant spirituel sur son adversaire.

Dans notre vie quotidienne, l'entrainement physique et mental nécessaire au maniement du katana améliore notre état d'esprit et fait de nous de meilleures personnes, promouvant la paix et la bienveillance au-delà des murs du dojo.

La pratique du Iaidō s'apparente à une perpétuelle recherche de la perfection et une remise en question quasi permanente de ses acquis. C'est un véritable combat contre soi nécessitant projection, concentration et rigueur.

La sophistication du naturel

La pratique du Iaidō consiste à manier un katana face à un ou plusieurs adversaires imaginaires lors d'un combat prédéfini (kata). Dans un souci évident de sécurité, le pratiquant débutera armé d'un sabre en bois (bokken), puis d'un sabre non affuté (iaïto). La finalité étant de pratiquer avec un véritable sabre affuté (shinken).

L'apprentissage se développe surtout par une pratique individuelle, mais peut se faire à deux avec un partenaire, ou de façon collective :

Individuelle : Sans partenaire direct, hormis dans la situation virtuelle du kata, il s'agit ici d'un travail approfondi sur la concentration et la recherche de gestes techniques précis et rigoureusement travaillés afin d'obtenir une maîtrise parfaite et naturelle.

A deux avec un partenaire : On travaille à deux dans le but d'affiner le rythme et la perception de l'adversaire.

Collective : L'apprentissage demande un rythme spécifique pour chaque niveau de pratique et pour chaque forme. Ce rythme, ce déploiement collectif d'énergie, appelé Ki awase, porte le pratiquant bien au-delà du stade qu'il peut espérer atteindre en étant seul. L'exercice consiste à suivre le rythme du professeur ou d'un élève avancé, dans l'objectif de la mise en harmonie instantanée indispensable lors d'un duel (i - unité, ai - harmonie).

Accessible au plus grand nombre, la pratique du sabre japonais développe ainsi, au-delà de la réalisation du geste technique, l'harmonie, l'énergie et la maîtrise de soi.

Manier le sabre... en développant l'énergie et la maîtrise de soi

Les cours sont organisés de la façon suivante :
taïso : échauffement corporel / travail respiratoire (taï : corps, so : manipuler, diriger)
suburi : gestes répétés avec le sabre, qui ne constituent pas des coupes
kihon : exercices de coupe, positionnements divers
kata : assemblage et articulation fluide de différents kihon

Tous les kata sont différents mais comportent en général un enchainement fluide de plusieurs mouvements :
koiguchi no kiri kata : dégainer le sabre
nuki-tsuke : puis dans le prolongement du dégainer, réaliser une première coupe
seme : menace
furi-kabute : armer le sabre
kiri-oroshi ou kiri-tsuke : coupe verticale, décisive
chiburi : essuyer ou égoutter la lame
zanshin : vigilance
nōto : rengainer la lame dans le fourreau

De nombreux kata (ou formes) permettent de faire varier le schéma ci-dessus pour répondre à plusieurs attaquants simultanément ou parer une coupe puis contre-attaquer. Ils peuvent commencer à genoux (seiza), au sol avec un genou levé (tatehiza) ou debout (tachi).

L'importance du symbole est forte et se manifeste aussi par un équipement traditionnel

Le bokken (sabre en bois) sera la première arme utilisée par le pratiquant et l'accompagnera tout au long de son apprentissage dans le cadre d'exercices individuels ou d'un travail réalisé avec partenaire.

Le pratiquant plus avancé utilisera un iaito, sabre composé de différents alliages chromés et non affutés.

La tenue vestimentaire est composée de :
Un Iaidōgi : veste coupée spécialement pour le Iaidō.
Un juban : chemise blanche se plaçant en dessous du Iaidōgi et destinée à absorber la transpiration.
Un obi : ceinture qui assure le port du sabre et qui se porte sur la veste et sous le hakama.
Un hakama : souvent décrit comme un « pantalon-jupe », du fait de l'ampleur des jambes et des plis qu'il comporte, et qui s'attache avec des sangles cousues sur le devant et l'arrière.
Une paire de genouillères souples pour le travail au sol.

Cours d'essai : Pour le premier cours de Iaidō, un simple survêtement suffit. Un bokken vous sera prêté par le club.

De l'apprentissage codifié jusqu'au retour à la source

Depuis son origine, le Iaidō se pratique selon diverses écoles ou styles, regroupés sous le nom d'écoles anciennes ou Koryū. Les kata enseignés par les Koryū répertorient les gestes et situations courantes de combat. Leur pratique permet un apprentissage conduisant à une fluidité des mouvements et une réponse rapide dans ces situations de combat.

Les deux Koryu qui recensent le plus d'élèves dans le monde sont Musō Jikiden Eishin Ryū et Musō Shinden Ryū.

Dans un souci d'unification et afin de permettre à tous les pratiquants d'avoir une base commune, les experts de la Fédération Japonaise de Kendo (Zen-Nippon-Kendo-Renmei, ZNKR,), dont dépend le Iaidō en tant que discipline associée, ont proposé une série de douze kata nommée Zen Ken Ren Iai (全剣連 居合道) ou Seitei Iai (制定 居合道) inspirés de divers Koryu. Elle offre un ensemble cohérent donnant un aperçu des techniques de sabre sans pour autant s'engager dans une Ryu (école). Il s'agit de révéler un « panorama » des katas anciens.

Zen Ken Ren Iai ou Seitei Iai

Ces Kata font l'objet d'une description détaillée dans des documents officiels de la ZNKR, et une mise à jour régulière effectuée par une commission constituée d'experts des Koryu, qui apporte aux kata les modifications jugées nécessaires.

L'étude des Kata du Seitei-Iai est indispensable pour les examens de passage de grade où généralement plusieurs des Kata présentés sont choisis par le jury parmi ceux du Seitei-Iai, un ou deux étant laissés à la discrétion des candidats dans ceux du Koryu qu'ils étudient.

Musō Shinden Ryū

L'école ancienne enseignée par TAKE Lyon Iaidō est Musō Shinden Ryū (夢想神伝流).

Fondée sur les bases transmises depuis le 17e siècle par les successeurs d'Hayashizaki Jinsuke Shigenobu, codifiée et baptisée par Nakayama Hakudo au siècle dernier, c'est actuellement l'école la plus populaire au Japon pour sa pureté, son dépouillement et sa simplicité.

Mu (夢) peut se traduire par rêve, Sō (想) par pensée, Shin (神) signifie Dieu, den (伝) par racine, et Ryū (流) veut dire école. Musō Shinden Ryū signifie donc une école développée selon une vision divine apparue lors d'un rêve.

Il existe trois séries de kata au sein de cette école correspondant à trois niveaux de maîtrise :
Shoden (sho : commencement, den : initiation) : recherche de la simplicité.
Chuden (enseignement avancé, à partir du premier Dan) : recherche de l'élégance.
Okuden (enseignement profond, à partir du troisième Dan) : recherche de l'efficacité.

Pour en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Muso_shinden_ryu